Martin Seligman et la psychologie positive

Martin SeligmanOn parle souvent de la pensée positive. Elle ne serait rien sans Martin Seligman, psychologue de renom, qui a créé la psychologie positive. Le trait de génie de Seligman est de considérer que nous ne savons pas apprendre ou plus exactement que tout notre système éducatif et culturel nous amène à une impuissance apprise. Ce n’est donc pas une question de chance ou de malchance, nous ne faisons que répéter des schémas qui nous enferment parfois dans une sorte d’inadaptabilité au bonheur. Martin Seligman cherche ce qui marche, ce qui peut résolument orienter la personne humaine vers le bonheur. Son credo est que la psychologie n’est pas faite pour soigner des malades mais pour aider chacun à aller mieux. C’est dire si cela concerne tout le monde.

Avec un de ses collègues, il a identifié 6 valeurs communes à toutes les civilisations du monde et qui ont pour objectif de conduire les êtres humains au bonheur. Ces valeurs(sagesse, courage, humanité, justice, tempérance, transcendance) montrent que la question n’est pas d’être chanceux ou pas. Dès lors, tous ses efforts portent vers les moyens d’atteindre le bonheur.

Martin Seligman a fondé la psychologie positive en 2000 et depuis a consacré sa vie à expliciter les structures de caractère qui conduisent à l’optimisme et au bonheur. Il a de nombreux outils de psychologie clinique en ce sens. Actuellement, ses travaux portent sur la compréhension et les solutions qu’on peut apporter lorsque des personnes se sentent impuissantes à changer quoi que ce soit dans leur vie ou leur comportement alors que manifestement, vu de l’extérieur, ce changement est possible.

« J’ai passé ma vie à travailler avec des gens très malheureux, et je me demandais en quoi les gens malheureux se distinguent des autres. Et, depuis environ 6 ans, nous nous sommes tournés vers des gens extrêmement heureux. Et en quoi eux sont-ils différents de nous ? Eh bien, il s’avère qu’il y a une seule chose qui diffère. Ils ne sont pas plus religieux, ils ne sont pas en meilleure forme, ils n’ont pas plus d’argent, ils ne sont pas mieux regardés, ils ne connaissent pas davantage de bons évènements ou moins de mauvais évènements. La seule chose qui les rend différents est la suivante : ils sont extrêmement sociaux. (…) Ils ne passent pas leur temps seuls. Chacun d’entre eux entretient amoureusement ses relations et chacun a un riche répertoire d’amis. »

(Martin Seligman, février 2014, The new era of positive psychology, TED 2014)

Mais pour atteindre le bonheur, encore faut-il savoir de quoi on parle exactement. Seligman distingue trois manières de comprendre le bonheur :

  • Une vie agréable, c’est-à-dire une vie pleine de plaisirs, d’émotions agréables ou positives, avec les compétences pour amplifier ce côté agréable. Le problème, dit Martin Seligman, est que cette manière de vivre est pour 50% héréditaire, qu’on peut l’améliorer par des trucs et astuces pour environ 15 à 20% , mais que de toute façon, avec l’habitude ces côté « agréable’ finit toujours par s’émoustiller. C’est la voie de l’émotion positive.
  • Une vie d’engagement, au service d’une cause quelle qu’elle soit. C’est comme si le temps s’arrêtait pour soi car on est tout donné à son travail, à une passion, un loisir, à son couple ou à ses enfants. Cela peut amener à s’oublier, à se donner, pour une idée qu’on a de la réussite. Cette conception d’une vie heureuse est courante. Elle permet à de nombreuses personnes de puiser des forces qui les tirent vers le haut. Cette conception du bonheur rappelle en partie la vision stoïcienne selon laquelle pour vivre bien il faut vivre en harmonie avec la nature, cherchant à en comprendre les règles et s’en servir, mais sans s’y attacher pour ne pas souffrir. C’est la voie du bien-être.
  • Une vie qui recherche et trouve sens dans un plus grand que soi. D’une certaine manière, elle ressemble à la recherche de bien-être mais elle va plus loin puisque le bonheur se fonde alors sur la découverte et la jouissance que l’on appartient à plus grand que soi. La recherche du bien-être est alors aussi recherche d’un accord, d’une harmonie avec un ordre des choses qui nous dépasse et nous fonde. Découverte à la fois de son identité profonde et de sa mission dans l’univers.

Pour Seligman, ces trois conceptions du bonheur sont intéressantes. Il y a quelque chose à apprendre de ceux qui pratiquent le bonheur quel qu’il soit et à transmettre à ceux qui semblent enclins au malheur ou la malchance. Que ce soit la recherche du plaisir avec le développement d’émotions ou l’engagement dans la recherche d’un bien être, ou encore la recherche de sens.

Prendre du plaisir dans la vie, avoir une vie agréable sont des comportements qui peuvent s’apprendre. Par exemple, la force de la reconnaissance envers les personnes qui ont été importantes pour nous ou nous ont aidé, le fait de reconnaître ses forces ou ses talents et les mettre en commun dans la relation avec les autres (couple, famille, travail), le fait de s’impliquer dans des causes altruistes.

La nuance qu’amène Seligman est que la recherche de plaisir est beaucoup plus éphémère, elle s’émousse facilement, alors que les personnes qui s’engagent pour des raisons altruistes semblent profiter d’une vie heureuse presque naturellement. Non seulement, le bonheur semble facile, naturel mais il est alors durable

C’est sur cette base qu’il va développer la psychologie positive. Elle est faite à la fois de gentillesse, de bonté et d’altruisme, et cette attitude amène à une vision foncièrement optimiste de l’humanité et de l’avenir du monde. Pour Seligman, l’optimiste est plus heureux non pas parce qu’il ne voit pas la réalité telle qu’elle est mais parce qu’il porte un regard différent sur elle : un regard de confiance en sa capacité d’agir. Avec l’optimisme va la confiance qui provoque tous les possibles.

Les titres des livres de Seligman disent à eux seuls son programme : la fabrique du bonheur, la force de l’optimisme, l’école de l’optimisme, changer oui c’est possible, …pour ne prendre que parmi les ouvrages traduits en français.

Bref, goûtez l’optimisme, cela s’apprend !

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