Santal et zazen

Branches de santal jeune

En Occident, on connait surtout le santal pour son parfum apaisant, en bâton d’encens ou en huile parfumée. En Inde, il est en fait utilisé dans la plupart des rituels comme une protection efficace. Les hindous appliquent fréquemment une pâte à base de bois de santal sur leur front de manière à garder fraîcheur pour le troisième œil.

En médecine ayurvédique, l’huile essentielle de santal est utilisée pour traiter l’angoisse. Et on le sait peu, mais le santal est également réputé soutenir l’attention durant la méditation, ce qui fait qu’il est couramment employé dans de nombreux rituels.

Au delà de ses vertus aromatiques, le santal est un symbole de l’univers zazen ainsi que le rappelle Pierre Crépon dans l’extrait ci-dessous :

 

Comme une forêt de santal

Une expression ancienne compare la salle où se réunissent les pratiquants du zazen (le dojo, le zendô) à une forêt de santal. Le santal est un arbre réputé pour l’excellence de son arôme et son bois est utilisé notamment pour fabriquer de l’encens. D’ailleurs on utilise souvent de l’encens au santal dans le dojo, l’une de ses qualités étant de favoriser l’attention et la transmission des désirs.

Une autre caractéristique du santal est qu’il s’agit d’un arbre touffu qui ne laisse pas d’autres variétés s’installer. Dans une forêt de santal, il n’y a que des arbres de santal de la même façon que, dans un lieu de pratique de la Voie, seules des personnes qui recherchent sincèrement la Voie peuvent s’y installer. Naturellement les autres s’en vont.

Aujourd’hui des activités à connotation spirituelle se multiplient mais dans un lieu de zazen, seuls résident les pratiquants de zazen. Il y a des petits et des grands arbres, de jeunes et de vieux arbres, mais ils sont tous en santal. Le santal signifie pour nous l’esprit sincère et non égoïste, le cœur qui a la foi et la force de continuer. Toutes les autres considérations, de sexe, de condition sociale, de race, de langue, n’ont pas cours. Et bien qu’au début on ne sache pas que l’on est constitué de santal, en rejoignant régulièrement la forêt on s’imprègne de la bonne odeur de la pratique et l’on découvre sa nature de santal.

Une autre expression pour un lieu de zazen est la salle des arbres morts. Les arbres morts désignent ici les arbres désséchés qui s’accrochent aux falaises, soumis au vent et à la pluie, et dont il ne reste que le tronc et quelques branches ; dont il ne reste que l’essence comme en font l’expérience les pratiquants du zazen lorsque le superficiel et les illusions s’estompent.

In Pierre Crépon, L’art du Zazen, Editions Sully, 2012, p.45-46.

 

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