Le manque de chance laisse parfois tellement abasourdi que certains se demandent « à qui la faute ? » Cette litanie de » à qui la faute » remonte d’ailleurs très loin dans l’histoire humaine…. Dans nos références symboliques, cela remonte même aux premiers hommes avec le meurtre d’Abel par son frère Caïn. Pourquoi l’un a ou aurait plus que l’autre ? Plus de biens, plus de considération, plus de bénédictions? L’un serait-il favori de Dieu et l’autre non ? Favorisé par la chance, le destin, les divinités et pas l’autre ? …
« A qui la faute ? » c’est le cri lancinant que l’on pousse face aux malheurs, aux difficultés, contraintes et souffrances qu’on ne comprend pas. il y a dans l’inconscient collectif de l’espèce humaine cette espèce de croyance que quelqu’un quelque part a causé cette malchance. Entre faute et punition, qui, oui qui est fautif ? Pour rester dans le domaine religieux, on voit qu’au temps de Jésus,la maladie elle-même était considérée comme une punition dans l’inconscient populaire : qui a péché pour que untel soit aujourd’hui infirme : son père, sa mère, encore plus loin dans la généalogie ? Alors, si lui n’a pas de chance, ces serait comme une vengeance du ciel sur lui ? Un des apports du christianisme sera de s’inscrire en faux contre cette conception. Cette maladie, ce n’est ni que lui, ni que untel ou un tel ait péché, déclare Jésus. Et pour vous le prouver, je vais le guérir : il va montrer ainsi, ce malade, ce que c’est que de prendre sa vie en mains !
La faute à qui ? Quand les malheurs s’abattent sur une famille, un clan, un village, un pays, la faute à qui ? Comme nous sommes prompts à chercher un fautif, un bouc émissaire, un sorcier, une sorcière ou quelqu’un d ‘assez différent pour qu’on puisse lui attribuer la responsabilité de l’anormal qui nous arrive…
L’éducation et la psychologie ont permis de sortir de ces gouffres d’angoisse et de projection. Mais reconnaissons-le quand même : comme c’est facile de se dire » qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour qu’il m’arrive ceci ! » ou » pourquoi tant de malchance, qu’est-ce que j’ai fait de mal? »
Deux bonnes nouvelles
Bah, si on regarde le côté positif de cette question... on peut voir en creux le désir de chance, le sentiment qu’on n’est pas fait pour la malchance. Bref, ce n’est pas normal de ne pas avoir de chance. Ca, c’est plutôt une bonne nouvelle.
Le problème, c’est plutôt de ne pas vouloir l’admettre et d ene pas se remettre en cause. Certes , il y a des circonstances extérieures, des coups du sort ,etc. mais à chaque fois la question est : pourquoi certains s’en sortent-ils mieux que les autres? Ils n’ont pourtant rien pris à personne, on peut les jalouser, les rivaliser, mais c’est quand même se faire bien du mal pour rien.
En fait, tout part de la manière de se demander pourquoi je suis sorti du cycle normal de la chance et de l’abondance. Si je suis tourné vers le passé, les regrets , les souffrances, je m’enferme dans ce qui n’a pas été et j’ai besoin d’en attribuer la raison à quelque chose ou quelqu’un qui m’est extérieur. La bonne attitude consisterait plutôt à se demander comment je peux à nouveau entrer dans le cycle de la chance et de l’abondance.
A qui la faute, ou à quoi la faute, n’a alors plus beaucoup d’importance. Mon énergie se rassemble pour trouver des solutions pour demain et non plus pour chercher des explications ou des coupables hypothétiques pour hier.
A qui la faute quand je ne prends pas les moyens d’avancer?
Hum hum…
La faute à qui? C’est le titre d’un très beau poème de Victor Hugo sur la connaissance, la transmission par le livre et l’éducation. Au delà de ce ça, c’est une belle méditation sur les apparences trompeuses et la responsabilité de chacun. A qui la faute quand une bibliothèque est incendiée ?
A qui la faute ?
Tu viens d’incendier la Bibliothèque ?
– Oui.
J’ai mis le feu là.– Mais c’est un crime inouï !
Crime commis par toi contre toi-même, infâme !
Mais tu viens de tuer le rayon de ton âme !
C’est ton propre flambeau que tu viens de souffler !
Ce que ta rage impie et folle ose brûler,
C’est ton bien, ton trésor, ta dot, ton héritage
Le livre, hostile au maître, est à ton avantage.
Le livre a toujours pris fait et cause pour toi.(…)
Le livre est ta richesse à toi ! c’est le savoir,
Le droit, la vérité, la vertu, le devoir,
Le progrès, la raison dissipant tout délire.
Et tu détruis cela, toi !– Je ne sais pas lire.
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